
Septembre 1914. Alors que la guerre a éclaté depuis à peine un mois, la France est sous la menace des troupes allemandes, qui fonce vers Paris. Alors que la capitale tremble, le général Joffre ordonne une contre-offensive sur la Marne, mais son projet nécessite d’acheminer rapidement les renforts vers le front.
A pied, l’entreprise prendrait trop de temps, et le réseau ferroviaire s’avère saturé et surtout totalement désorganisé. C’est alors que se produit l’un des épisodes les plus célèbres – et les plus symboliques – de la Première Guerre mondiale : l’épopée des "taxis de la Marne".
Dans la nuit du 6 au 7 septembre, sur ordre du gouverneur militaire de Paris, le général Gallieni, environ 1 200 taxis parisiens, pour la plupart des Renault AG, sont réquisitionnés. Chauffeurs et véhicules, habituellement voués aux trajets mondains ou aux soirées parisiennes, deviennent improvisés transporteurs de troupes. En plusieurs allers-retours depuis la capitale jusqu’à Nanteuil-le-Haudouin, ils déplacent près de 6 000 soldats du 104ᵉ et du 103ᵉ régiments d’infanterie.
Un chauffeur parisien typique de l'époque, avec sa Renault AG
Des soldats montent à bord de taxis pour le front
Sur le plan militaire, l’impact réel de cette opération est limité : ces bataillons ne changent pas, à eux seuls, le cours de la bataille. Mais sur le plan symbolique, c’est un coup de génie. L’image de Paris mobilisé, ses taxis roulant phares masqués vers le front, donne un souffle nouveau à la nation.
Cet épisode a mis en lumière un modèle phare de l’industrie automobile française : la Renault Type AG, qui constituait près de 85% des véhicules taxis réquisitionnés lors de cette opération.
Conçu par Louis Renault et ses équipes au début du XXe siècle, ce véhicule a été produit à partir de 1905, et a marqué un tournant pour l’automobile urbaine. Léger, robuste et simple d’entretien, il fut rapidement adopté par les compagnies de taxis des grandes villes, et particulièrement Paris, où des milliers d’exemplaires ont sillonné les rues avant le premier conflit mondial.
Techniquement, le Type AG est équipé d’un petit moteur deux cylindres de 1'060 cm3 développant environ 8 chevaux, et d’une boîte à trois vitesses, pour une vitesse maximale estimée à 45 km/h. L’étroitesse de son châssis, mais aussi sa cabine fermée (dans son architecture Landaulet) – une rareté pour l’époque -, le rendent idéal pour les trajets urbains.
De son rôle de taxi pour la population citadine, souvent fortunée, la Type AG s’est transformé en transporteur de troupes lors de cet épisode gravé dans les mémoires, suscitant un élan patriotique fort.
Plus d'infos sur la Renault Type AG sur le site the originals Renault : https://theoriginals.renault.com/type-ag1-taxi