Rebadging automobile : la voie la plus simple pour relever le défi chinois

Peut-être que le meilleur moyen pour les constructeurs automobiles traditionnels de faire face à la concurrence croissante des marques chinoises n'est pas de la combattre, mais de collaborer avec elle. Au lieu de s'y opposer, les fabricants d'Europe, des États-Unis, de Corée et du Japon doivent accepter la nouvelle réalité et trouver des moyens pour travailler ensemble avec leurs rivaux chinois.

Que cela nous plaise ou non, ces derniers disposent aujourd'hui des ressources et de la technologie pour produire les véhicules électriques, hybrides rechargeables et à autonomie étendue les plus compétitifs au monde.

Pour cette raison, l'objectif devrait être de collaborer avec les entreprises chinoises et d'apprendre d'elles, tout comme, pendant des décennies, c'était le contraire : la Chine apprenait des marques étrangères grâce à la politique des coentreprises obligatoires qui a duré plus de trente ans. Aujourd'hui, « l'élève a dépassé le maître », et peut-être est-il temps que le maître apprenne de son ancien élève.

Un moyen efficace de le faire est par le rebadging, c'est-à-dire la pratique de rebrander des modèles existants d'origine chinoise.

Ce n'est pas une nouveauté

Certaines entreprises automobiles américaines l'utilisent déjà depuis un certain temps. Ford, par exemple, a commencé en 2018 à vendre la Ford Territory, une version rebrandée de la JMC Yusheng S330, en l'exportant également dans plusieurs pays d'Amérique Latine. 

Depuis 2019, Chevrolet commercialise la deuxième génération de la Captiva, dérivée de la chinoise Baojun 530 / Wuling Starlight S. L'objectif est de tirer parti des coentreprises et de leurs produits pour élargir l'offre hors de Chine avec des modèles compétitifs.

Le rebadging automobile

Rebadging automobile, Wuling et Chevrolet

General Motors collabore avec SAIC et Wuling, et vient de présenter la nouvelle Buick Electra L7. Ford a des coentreprises avec Changan et JMC, avec lesquelles elle connaît un grand succès en Amérique Latine grâce à la nouvelle génération de la Territory.

Le Groupe Volkswagen travaille avec SAIC et FAW, en plus d'une collaboration avec Xpeng : l'Audi E5 Sportback est l'un des exemples les plus récents de cette synergie. Hyundai collabore avec BAIC pour l'Elexio, conçue pour le marché chinois.

Toyota a des coentreprises avec FAW et GAC : les modèles bZ7 et bZ3X sont le fruit de ce partenariat. Nissan, avec Dongfeng, a développé le nouveau Frontier Pro Hybrid, basé sur le Dongfeng Z9.

Rebadging automobile

Rebadge automobile, Dongfeng et Nissan

Renault intensifie sa collaboration avec Geely : le nouveau Grand Koleos, dérivé du Geely Xingyue L, s'avère être le bon produit pour la Corée et l'Amérique Latine. Enfin, Stellantis se prépare à lancer un modèle Opel basé sur Leapmotor, après avoir acquis 20% du constructeur chinois.

Rebadging automobile

Rebadging automobile, Geely et Renault

Les résultats commencent en effet à se voir

En septembre 2025, le Ford Territory produite en Chine a été le deuxième modèle le plus vendu de la marque en Argentine, représentant 38% des ventes totales de Ford dans le pays et devenant la cinquième voiture la plus vendue au total.

En Corée du Sud, le Renault Grand Koleos a représenté 80% des ventes de la marque entre janvier et septembre 2025, bien qu'il s'agisse d'un modèle rebrandé Geely.

En Amérique Latine, Chevrolet a renouvelé ses Captiva et Groove, en les ajoutant aux modèles d'origine chinoise Aveo, S10 Max et Tornado Van (N400). Ensemble, en 2024, ils ont représenté plus de la moitié des ventes de Chevrolet dans la région, à l'exclusion du Brésil.

En Europe aussi, le phénomène commence. Au troisième trimestre 2025, Mazda a introduit la Mazda6e, version rebrandée de la Deepal SL03. Importée de Chine, cette berline électrique de taille moyenne a vendu près de 400 unités rien qu'en août.

La Dacia Spring, construite en Chine par la coentreprise Renault–JMCG, est désormais l'une des voitures électriques les plus abordables en Europe, avec 23 000 immatriculations entre janvier et août, en hausse de 100% par rapport à 2024.

La morale est claire : la Chine est là pour rester et aucun droit de douane ou barrière commerciale ne pourra l'arrêter. Si vous ne pouvez pas battre votre adversaire, alliez-vous à lui.

L'auteur de l'article, Felipe Munoz, est Spécialiste de l'industrie automobile chez JATO Dynamics.

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