Les mini-citadines reviendront-elles bientôt à la mode ? Ces dernières ont disparu du marché les unes après les autres ces dernières années, alors que les coûts de production croissants ont réduit drastiquement les marges des constructeurs sur des modèles à prix réduits, les rendant de moins en moins rentables.
En 2021, Peugeot suivait la tendance et stoppait la production de la petite 108 après sept petites années d’existence, la même année de l’arrêt de la fabrication de la C1 chez Citroën. Avant cela, d’autres mini-citadines avaient disparu des lignes d’assemblage, comme les Volkswagen up !, Toyota Aygo, la Ford Ka ou la Kia Picanto, pour n’en citer que quelques-uns.
Mais la donne pourrait bientôt changer en même temps que la mobilité urbaine pourrait changer de visage, du moins en Europe, alors que l’UE réfléchit à favoriser l’émergence de petites voitures électriques made in Europe, à l’image des kei cars japonaises.
Interrogé par nos confrères d’Autocar, Alain Favey, le directeur de Peugeot, a laissé entendre que la marque de Sochaux pourrait réinvestir ce segment, si les instances européennes parvenaient effectivement à fournir un cadre réglementaire et technique suffisamment souple aux constructeurs du vieux continents.
Peugeot 108 et Citroën C1
« Il y a eu la 108, la 107 et la 106 par le passé », rappelle ainsi Alain Favey. « Nous avons vendu plus d'un million de voitures sur le segment A il n'y a pas si longtemps. Donc, si une nouvelle catégorie nous permet de produire des voitures plus petites de manière rentable, Peugeot aura assurément sa place sur ce segment, comme ce fut le cas par le passé. »
De fait, Peugeot aurait ainsi l’occasion de faire son retour sur le segment A, investi pour la première fois en 1991 avec la 106. Un retour qui ne peut cependant se faire qu’à la condition que l’UE ne pose effectivement un cadre propice à la fabrication de mini-citadines, avec la possibilité de proposer des véhicules dotés d’équipements réduits au minimum.
« Tant qu'il n'y en a pas [de cadre], je confirme ce que ma prédécesseure [l'ancienne PDG de Peugeot, Linda Jackson ] a dit : "Non, il n'y a pas de place pour une voiture du segment A aujourd'hui, car pratiquement tout le monde quitte ce segment pour la même raison : il est impossible de rendre rentable une telle voiture à un prix aussi bas, tant qu'il faut y installer autant d'équipements." »
« Les dispositifs de sécurité et les systèmes d'aide à la conduite, bien sûr, sont essentiels, mais il faut bien comprendre que les gens doivent payer pour cela », continue Alain Favey. « Tant que les gens sont prêts à payer, tout va bien, mais alors personne ne devrait s'étonner que le marché européen se situe à trois millions de voitures par an, soit moins qu'avant la pandémie de Covid. »
« Si l'on doit sans cesse ajouter des équipements qui augmentent le prix des voitures, on arrive à un point où elles deviennent tout simplement trop chères pour les consommateurs. Et c'est là qu'il faut se poser la question suivante : est-ce que tout cela a du sens, ou n'y a-t-il pas un autre moyen – pour un segment spécifique du marché, comme celui des voitures d'entrée de gamme – de créer des conditions différentes permettant de proposer de meilleurs produits ? »
Si les conditions sont réunies, d’autres constructeurs pourraient également faire le pas, les dirigeants de Citroën ayant déjà évoqué leur souhait de produire dans un futur proche des véhicules de format réduit, et surtout à bas prix, en vue des conducteurs en milieu urbain. Si un revival de la 2 CV était même attendu par les observateurs, la marque aux chevrons pourrait plutôt repartir d’une feuille blanche et davantage dans un esprit kei car pur et dur. Ces futures orientations chez Citroën devraient être annoncées le 10 décembre lors de la présentation des grands axes stratégiques à venir pour le constructeur français.